Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

faire en pareille occasion. Nous remarquâmes toutes que cela lui fit un effet terrible et qu’elle pâlit très visiblement. Elle entra dans la cour plus morte que vive ; on disait toujours que c’est qu’elle était malade, mais il nous paraissait que son âme souffrait plus que son corps. Quand elle fut arrivée à la grille du chœur, on la ferma pour la déshabiller ; alors on s’empressa de la dépouiller de ses ornements mondains. Elle avait de longs cheveux blonds ; quand on les défit, nous pensâmes toutes crier pour empêcher qu’on ne les coupât et toutes les pensionnaires disaient tout bas : « Quel dommage ! » Dans le moment où la maîtresse des novices y mit les ciseaux, elle tressaillit. On mit ses cheveux sur un grand plat d’argent, c’était charmant à voir ; on la revêtit des habits de l’ordre, on lui mit le voile et une couronne de roses blanches, ensuite on ouvrit la grille et on la présenta au prêtre, qui la bénit.

» Alors on apporta un fauteuil, près de la grille, où madame l’abbesse s’assit, ayant à ses côtés sa porte-croix et sa chapelaine. Mademoiselle de Rastignac se mit à genoux devant elle, mit ses mains dans les siennes. Pour prononcer ses vœux la formule est : « Je fais vœu à Dieu, entre vos mains, Madame, de pauvreté, d’humilité, d’obéissance,