Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
370
LA FRINCESSE CH. DE LIGNE.

Celui-ci apportait une extrême réserve dans sa conduite avec la princesse. Soit calcul, soit prudence, il ne marquait aucun empressement, et affectait même d’éviter de trop fréquentes rencontres ; cependant il était facile, pour un observateur attentif, de voir qu’il était flatté de la distinction avec laquelle le traitait une femme jeune, belle et d’un esprit séduisant.

Hélène, qui aimait pour la première fois, se livrait tout entière au sentiment qui envahissait son cœur. Elle souffrait, sans se l’avouer, de la froideur du comte, et s’efforçait d’en découvrir la cause ; elle avait cru remarquer qu’il blâmait sa vie mondaine, elle espéra lui plaire en y renonçant : les parties de plaisir, les brillantes cavalcades furent abandonnées. Elle rechercha la solitude, et, dans les lettres qu’elle écrivait à ses amies, elle trahissait, sans s’en douter, ses secrètes pensées ; car voici une réponse de la princesse Henri Lubomirska, alors à Paris, qui prouve que la passion d’Hélène n’était plus un secret.


« Paris, 15 octobre 1789.


» Enfin, mon chat, j’ai reçu une lettre de vous, en date du 24 septembre. Il y avait mille et cent mille ans que je n’en avais eu ; j’avais même un