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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/393

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LA PRINCESSE CH. DE LIGNE.

comte qu’elle accordait l’entretien demandé, à la condition qu’il n’oublierait pas qu’elle était la femme d’un autre.

Le comte arriva à l’heure indiquée et, au bout de quelques instants de la conversation la plus banale, Hélène, tremblante et agitée, lui demanda, sans se rendre compte de la portée de ses paroles, dans quel but il avait sollicité ce tête-à-tête. Il répondit assez froidement qu’elle paraissait l’avoir deviné d’avance et lui fit une déclaration dans les règles. La jeune femme, entrainée par la violence d’un sentiment qu’elle ne pouvait maîtriser, lui avoua qu’elle l’aimait comme elle n’avait jamais aimé, mais qu’il ne devait rien espérer de plus que cet aveu, tant qu’ils n’auraient pas l’un et l’autre reconquis leur liberté.

Le comte répondit avec calme qu’il était fier de la distinction que la princesse voulait bien lui accorder, qu’elle suffisait à le rendre heureux et qu’il saurait lui prouver, par son respect et sa réserve, qu’il était homme d’honneur ; puis il salua profondément et se retira, laissant Hélène dans un trouble difficile à décrire.

Elle se sentait plus humiliée que satisfaite de ce qui s’était passé ; car, par un sentiment très humain, elle voulait bien rester sage, mais elle en-