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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/90

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

nève pour la mettre entre les mains du médecin de la montagne[1]. Elle vint nous dire adieu, il ne lui restait plus que ses beaux yeux. Je pleurai beaucoup en la quittant, elle était ma petite maman, elle me donna un souvenir en vieux laque et me dit de prier Dieu pour elle et d’être bien sage. Elle fut beaucoup regrettée, car elle avait la plus belle âme du monde et tout le monde l’aimait.

» Trois mois après son départ, je me réveillai une nuit fort agitée et j’appelai ma bonne ; elle vint et je lui dis : « Ah ! je viens de rêver que je voyais mademoiselle de Montmorency avec une robe blanche et une couronne de roses blanches ; elle m’a dit qu’elle allait se marier, depuis ce moment, il me semble que je vois toujours ses deux grands yeux noirs qui me regardent et cela me fait peur. » Quelques jours après, nous eûmes la nouvelle de la mort de mademoiselle de Montmorency, elle était morte la même nuit que j’avais rêvé d’elle.

» Nous apprîmes que l’os de son bras s’était carié et était tombé tout à fait en pourriture. On

  1. Nos recherches ont été infructueuses pour trouver le nom de ce médecin. Il est probable qu’il s’agissait d’un simple rebouteur venant de la montagne du Vauche, comme il en existe encore maintenant en Savoie, que l’on consulte à Genève.