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Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/301

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la guerre des boutons


— Si je vous entends encore, et c’est mon dernier avertissement, je vous en mets pour huit jours !

— Bisque, bisque, enrage ! rancuseur[1] ! sale cafard ! marmottait à voix basse Tigibus en lui faisant les cornes. Traître ! judas ! vendu ! peigne-cul !

Bacaillé, pour qui décidément cela tournait mal, ravalant en silence sa rage, se mit à bouder, la tête dans les mains.

On le laissa ainsi et l’on poursuivit la leçon, tandis qu’il ruminait ce qu’il pourrait bien faire pour se venger de ses camarades qui, du coup, allaient fort probablement le mettre en quarantaine et le bannir de leurs jeux.

Il songea, il imagina des vengeances folles, des pots d’eau jetés en pleine figure, des giclées d’encre sur les habits, des épingles plantées sur les bancs pour de petits empalages, des livres déchirés, des cahiers torchonnés ; mais peu à peu, la réflexion aidant, il abandonna chacun de ces projets, car il convenait d’agir avec prudence, Lebrac, Camus et les autres n’étant point des gaillards à se laisser faire sans frapper dur et cogner sec.

Et il attendit les événements.

  1. Rancuseur, dénonciateur.