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Page:Pergaud - La Guerre des boutons, 1912.djvu/323

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la guerre des boutons


cassées ou dérobées, la table arrachée, le foyer démoli, les bancs renversés, la mousse et les feuilles brûlées, les images déchirées, le miroir brisé, l’arrosoir cabossé et percé, le toit défoncé et le balai, suprême insulte, le vieux balai dérobé au stock de l’école, plus dépaillé et plus sale que jamais, dérisoirement planté en terre au milieu de ce désordre, comme un témoin vivant du désastre et de l’ironie des pillards.

À chaque découverte, c’étaient de nouveaux cris de rage, et des vociférations, et des blasphèmes, et des serments de vengeance.

On avait démoli les casseroles et… souillé les pommes de terre !

C’étaient sûrement les Velrans qui avaient fait le coup : La Crique, avec son intuitive finesse et sa logique habituelle, le prouva incontinent.

— Voyons, un homme de Longeverne qui aurait trouvé par aventure la cabane n’aurait fait qu’en rire ; il en aurait jasé au village et on l’aurait su ; un étranger n’avait rien à prendre là et s’en serait fichu ; Bédouin, lui, était bien trop nouille pour trouver tout seul une cache pareille et d’ailleurs, depuis sa dernière soulographie, il ne se hasardait plus en rase campagne et, comme un sage, cultivait et rentrait les légumes et les fruits de son jardin.

Restaient donc les Velrans.