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Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/41

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M’asseureray de craincte, & ignorance.


Sans congnoissance aucune en mon Printemps j’estois :
Alors aucun souspir encor point ne gectois
Libre sans liberté : car rien ne regrectois
En ma vague pensee
De molz, & vains desir follement dispensee.

Mais Amour tout jaloux du commun bien des Dieux
Se voulant rendre a moy, comme a maintz odieux,
Me vint escarmoucher par faulx alarmes d’yeulx,
Mais je veis sa fallace :
Parquoy me retiray, & luy quictay la place.

Je vous laisse penser, s’il fut alors fasché :
Car depuis en maintz lieux il s’est tousjours caché,
Et quand a descouvert ma veue, m’a lasché
Maintz traictz a la volee :
Mais onc ne m’en sentis autrement affolee.

A la fin congnoissant, qu’il n’avoit la puissance
De me contraindre en rien luy faire obeissance,
Tascha le plus, qu’il peult, d’avoir la congnoissance
Des Archiers de Vertu,
Par qui mon cueur forcé fut soubdain abbatu.