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Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/131

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L’AGITATION MOLÉCULAIRE

vement d’une molécule est ainsi gêné par les molécules voisines, nous serons conduits à considérer le libre parcours moyen d’une molécule, qui est la valeur moyenne du chemin qu’une molécule parcourt, en ligne droite, entre deux chocs successifs. On a pu calculer ce libre parcours moyen (dont la connaissance nous aidera à évaluer la grandeur des molécules), en cherchant comment il peut être lié à la « viscosité » du gaz.

On n’est guère habitué, dans la pratique, à regarder les gaz comme visqueux. Ils le sont en effet bien moins que les liquides, mais ils le sont pourtant de façon mesurable. Si, par exemple, un disque horizontal bien poli, placé dans un gaz, tourne d’un mouvement uniforme autour de l’axe vertical qui passe par son centre, il ne se borne pas à glisser sur lui-même dans la couche gazeuse qui l’entoure, mais il entraîne cette couche qui, à son tour, entraîne par frottement une couche voisine, et ainsi de proche en proche, le mouvement se communiquant par « frottement intérieur », absolument de la même manière que dans un liquide, en sorte qu’un disque parallèle au premier, suspendu au-dessus de lui par un fil de torsion, est bientôt entraîné par les forces tangentielles ainsi transmises, jusqu’à ce que la torsion équilibre ces forces (ce qui permet de les mesurer).

L’agitation moléculaire explique aisément ce phénomène. Pour nous en rendre compte, imaginons d’abord deux trains de voyageurs qui glisseraient dans un même sens, sur des rails parallèles, avec des vitesses presque égales. Les