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Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/253

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LA LUMIÈRE ET LES QUANTA

Je voudrais à ce sujet ajouter une remarque qui fait comprendre la solidité des valences : Quand, vers 2 000°, l’haltère que forme une molécule d’hydrogène tourne, sans se casser, perpendiculairement à son axe avec une fréquence peu inférieure à cent mille milliards de tours par seconde, il faut bien que la liaison résiste à la force centrifuge. Une tige d’haltère qui aurait même solidité serait au moins mille fois plus tenace que l’acier.

96. — C’est peut-être la lumière qui dissocie les molécules. — J’ai à peine indiqué (84) la possibilité d’une théorie cinétique des réactions chimiques. Je voudrais signaler que la lumière joue peut-être en ces réactions un rôle capital.

Ce rôle me paraît prouvé par une loi bien généralement reconnue, sans qu’on ait je crois suffisamment signalé son interprétation moléculaire, véritablement surprenante, et qui en fait peut-être la loi fondamentale de la mécanique chimique (puisque tout équilibre chimique présuppose certaines dissociations moléculaires).

Suivant cette loi, la vitesse de dissociation à température constante, dans l’unité de volume d’un gaz A, par une réaction du genre

A → A′ + A″,

est proportionnelle à la concentration du gaz A, et peut n’être pas changée par l’addition de gaz étrangers à la réaction.

En d’autres termes, pour une masse donnée du corps A, la proportion transformée par seconde

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