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Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/313

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GENÈSE ET DESTRUCTION D’ATOMES

application, puis que les nombres ainsi définis sans ambiguïté par tant de méthodes coïncident, cela donne à la réalité moléculaire une vraisemblance bien voisine de la certitude.

Pourtant, et si fortement que s’impose l’existence des molécules ou des atomes, nous devons toujours être en état d’exprimer la réalité visible sans faire appel à des éléments encore invisibles. Et cela est en effet très facile. Il nous suffirait d’éliminer l’invariant entre les 13 équations qui ont servi à le déterminer pour obtenir 12 équations où ne figurent plus que des réalités sensibles, qui expriment des connexions profondes entre des phénomènes de prime abord aussi complètement indépendants que la viscosité des gaz, le mouvement brownien, le bleu du ciel, le spectre du corps noir ou la radioactivité.

Par exemple, en éliminant les éléments moléculaires entre l’équation du rayonnement noir et l’équation de la diffusion par mouvement brownien, on trouvera tout de suite une relation qui permet de prévoir la vitesse de diffusion de sphérules de 1 micron dans de l’eau à la température ordinaire, si l’on a mesuré l’intensité de la lumière jaune dans le rayonnement issu de la bouche d’un four où se trouve du fer en fusion. En sorte que le physicien qui observe le four sera par là en état de relever une erreur dans les pointés microscopiques de celui qui observe l’émulsion ! Et ceci sans qu’il soit besoin de parler de molécules.

Mais, sous prétexte de rigueur, nous n’aurons pas la maladresse d’éviter l’intervention des éléments moléculaires dans l’énoncé des lois que

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