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Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/67

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LA THÉORIE ATOMIQUE ET LA CHIMIE


mures et iodures d’un même métal. Alors l’analogie est si frappante que l’idée de substitution s’impose (bien que, en fait, le mot n’ait pas été employé pour ces cas) et a donné, comme nous avons vu, antérieurement à tout autre renseignement, une indication précieuse sur les poids atomiques.

Au contraire, il est douteux que des chimistes réellement ignorants de la formule du méthane auraient su reconnaître entre le méthane et le chlorure de méthyle des analogies assez grandes pour imposer la conviction d’une structure moléculaire identique. Ils auraient très bien pu (et ce n’est là qu’une des hypothèses possibles), prenant 6 et 1 comme poids atomiques du carbone et de l’hydrogène, admettre que les formules des deux corps en question sont CH2 et CH2CHCl, faisant ainsi du chlorure de méthyle un composé d’addition. Et faut-il rappeler que précisément, pendant un demi-siècle, la majorité des chimistes, tout en sachant parfaitement que le potassium chasse la moitié seulement de l’hydrogène dans l’eau qu’il attaque, donnaient à l’eau la formule HO et à la potasse la formule KOHO, voyant dans ce corps un composé d’addition alors que nous y voyons un composé de substitution, de formule KOH, depuis que nous donnons à l’eau la formule HOH ?

Bref, une théorie purement chimique qui suffise à déterminer les coefficients atomiques et les formules moléculaires n’a pas encore été donnée, et il semble douteux que, à partir des faits actuellement connus, on puisse en formuler une qui en

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