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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/154

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LES ÉGAREMENTS


et je ne puis me dispenser de donner quelque idée de ceux de notre société qui me parurent les plus remarquables. Je dois, par bienséance, commencer par la Dame du logis, dont je vais analyser les traits et le caractère.

Madame du Bellois, qui, dix ans auparavant, aurait encore pu passer pour fraîche, et à laquelle il ne restait plus qu’une extrême envie de paraître, était une femme mûre, qui, par un maintien continuellement méthodique, courait encore après l’adolescence. Quoiqu’elle se conseillât régulièrement avec sa toilette, pour l’emprunt d’un certain extérieur, il était défendu de s’en apercevoir ; c’était l’étiquette de la maison : on ne lui faisait jamais mieux sa cour qu’en l’aidant à déclamer contre les femmes plâtrées, c’était son terme ; soutenant envers et contre toutes les propriétés de l’eau fraîche pour le teint. Sa figure en gros n’avait rien de ridicule : un front ouvert, peu de sourcils, le nez petit, les joues remplies, la bouche grande et vermeille, quelques dents, le menton gracieux, la peau jaune, les cheveux châtains, la gorge flexible, et les bras nerveux. Je fus peut-être la seule qui eus la malice de la surprendre à visage découvert : il ne fallait pas être maladroite, car il n’était jamais jour chez elle qu’elle n’eût peint ses sourcils, couché ses teintes, assuré ses dents,