Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
DE JULIE


goût exquis, des porcelaines d’une finesse achevée, une distribution d’appartements unique, enfin tout ce que les ressources de l’art offrent de plus curieux à un homme en état de les bien payer.

Il y avait déjà huit jours que nous menions une vie toute délicieuse, lorsque le souvenir de Derval vint m’affliger ; nos appétits satisfaits, il nous naît toujours des désirs : telle est la condition humaine. Je me rappelai avec regret la privation de ces plaisirs vifs que m’avait fait goûter son ardeur. Je descendis un jour à cinq heures du matin au bain fortuné, où chaque circonstance se retraça, et m’échauffa infructueusement l’imagination ; je songeai de nouveau à la nécessité de satisfaire mon tempérament, sans pouvoir encore me déterminer à laisser tomber mon choix : les difficultés m’affligèrent, et pour prévenir l’abattement dans lequel je m’apercevais que me plongeaient ordinairement trop de réflexions à ce sujet, je pris une brochure gaillarde avec laquelle je descendis au jardin, dont une porte de derrière communiquait à un petit bois qui s’étendait jusqu’au grand chemin. Je m’y enfonçai ; je lus, je me reposai, j’admirai la nature, j’écoutai le gazouillement des oiseaux, j’enviai la liberté de deux rossignols dégagés de toute bienséance ;