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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/188

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LES ÉGAREMENTS


me retirer. Jugeant bien qu’il aurait été inutile de vouloir m’obstiner à rester, je tournai le dos à mon harangueur, je descendis sans répondre, et me fis ramener chez moi, où j’attendis avec toute l’impatience possible des nouvelles de son état. Hélas ! elles ne furent pas heureuses ; sur les huit heures du soir on vint m’annoncer qu’il n’était plus. Ce coup me fit plus d’impression que je n’aurais cru. Je me livrai entièrement à ma douleur ; elle était d’autant plus juste, que je l’estimais vraiment. Que de complaisance, que de bonté, que d’attentions n’avait-il pas eues pour moi ! et le perdre sans le voir ? On ne connaît bien le prix des choses que quand elles manquent. Cet événement apporta quelque altération dans mon caractère. Vépry faisait son possible pour me consoler, mais inutilement : ma maison devint isolée, chacun tira de son côté ; nos sociétés dispersées cherchèrent à se rejoindre ailleurs : mon genre de vie me parut lugubre et triste. Je regarde presque la douleur comme un exercice auquel on succombe plus aisément quand on n’y est pas fait.

Chercher à me dissiper les premiers jours, c’était m’afficher pour quelqu’un d’odieux. Madame du Bellois, et quelques autres personnes, sachant que je ne me soutenais que par M. Démery, qu’on savait n’avoir eu le temps de