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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/192

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LES ÉGAREMENTS


était dit, qu’on savait bien ce qu’on quittait, mais qu’on ne savait pas ce qu’on prenait. Madame Guillaume eut enfin la politesse de ne nous rien laisser ignorer de ce qui la regardait, après quoi elle nous demanda pardon de nous avoir trop fait parler, ajoutant qu’elle ne pouvait se lasser d’entendre des étrangers. Nous lui rendîmes le surlendemain sa visite, dans laquelle il fallut encore souffrir qu’elle nous rafraîchît la mémoire de ses affaires domestiques : cette femme avait un esprit de détail qui ne laissait rien à désirer. On nous présenta mademoiselle Babet ; on nous fit descendre mademoiselle Perette ; on fit faire serviteur à M. Colin ; on nous montra le chien, le chat, le perroquet : ainsi dès ce jour-là nous sûmes par cœur toute la famille. Mesdemoiselles Guillaume braquaient sur nous une paire d’yeux provençaux, que la mère nous protesta de la meilleure foi du monde être ceux du défunt. Force louanges de notre part, force révérences de la leur, et nous voilà intimes. Il fut décidé que nous passerions la journée ensemble, et on ne songea qu’à se réjouir. Il y avait une heure que je remarquais l’embarras où était madame Guillaume pour nous amener à propos les talents de sa petite famille, lorsque Toinon la servante annonça le maître de musique de ces