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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/196

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LES ÉGAREMENTS


rait la Provence. Elle me répondit obligeamment qu’à Marseille, comme ailleurs, je m’ennuierais, tant que je me trouverais déplacée du côté de la société ; qu’elle sentait parfaitement que la compagnie de sa parente, qui d’ailleurs était une bonne femme, n’avait rien de réjouissant pour une personne qui avait autant d’usage du monde que je lui paraissais en avoir ; qu’elle se trouverait trop flattée de pouvoir lui dérober quelques-uns des moments que je lui sacrifiais. Son air affable et liant lui gagna tout à fait ma confiance. Je lui témoignai affectueusement combien mon penchant pour elle avait devancé le sien pour moi, le plaisir que j’avais à le lui dire ; et, dès ce même moment, elle me fit donner ma parole pour le jour suivant. Je voulus que Vépry se chargeât de la reconduire, et elle accepta la politesse en femme qui sait son monde.

Le lendemain nous allâmes faire notre visite chez madame Renaudé (c’était le nom de cette aimable personne) ; je ne vis rien chez elle qui n’achevât de confirmer l’idée avantageuse que je m’en étais faite. Dégagée de toutes les formalités d’un cérémonial incommode, elle nous reçut avec cette politesse aisée qui ne tient rien de la province. Quelques personnes de sa connaissance arrivèrent peu de temps après, et