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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/219

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DE JULIE

Tout s’était jusque-là passé au gré de mes désirs : Bellegrade arrêté, son mariage rompu, ne devais-je pas être contente ? Fallait-il joindre encore à ce plaisir celui de lui faire sentir que je lui avais joué ce tour ? Oui, sans doute, la vengeance ne voulut jamais chez nous rien perdre de ses droits. L’emprisonnement d’Andricourt fit le bruit ordinaire à ces sortes de catastrophes : on raisonna beaucoup, on politiqua ; chacun s’imagina savoir le vrai de la chose : la Beauval s’effraya, Vépry me témoigna ses inquiétudes. L’opulente apparence de son frère lui donna à penser ; il s’en ouvrit à moi, et ce fut alors que le plaisir de compléter ma vengeance se déguisa sous celui de rassurer mon amant. Je le fis ressouvenir qu’il m’avait dit que son père cherchait depuis longtemps à le faire arrêter ; j’assurai en personne bien instruite que ce n’était qu’à l’instigation du père qu’il avait été arrêté : j’ajoutai que j’étais sûre de mon fait. Je ne doutais pas qu’il ne rapportât le tout à son frère, et que celui-ci ne devinât le reste, ce qui ne manqua pas d’arriver. La première chose qu’Andricourt lui demanda fut un éclaircissement précis sur ce qu’il m’avait conté sur la mauvaise humeur de son père contre lui. Vépry ne lui eut pas plus tôt fait le détail de ce qu’il m’avait appris, que ne doutant plus que le coup