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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/224

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LES ÉGAREMENTS


tude : j’en devins inconsolable : et comme je me préparais à lui en témoigner ma sensibilité, on me remit de sa part la lettre suivante.

« Il serait inutile, Madame, de tarder plus longtemps à éclaircir les doutes que vous avez formés à mon sujet. Vous concevez bien qu’après votre procédé envers mon frère il ne me convient pas de demeurer plus longtemps avec vous ; les lois de la bienséance et de la nature l’emportent sur de frivoles engagements que vous n’attendiez peut-être vous-même que l’occasion de rompre. Le parti que je prends est moins un effet de légèreté que de ma prudence. Mais dois-je m’excuser de vous avoir évité l’embarras de me prévenir ? Pour ne point nous exposer à des reproches inutiles, je vous épargnerai désormais la présence de celui qui se dit, etc. »

Cette lettre, que je reçus à neuf heures du soir, fut pour moi un coup de foudre : je n’avais pu me persuader qu’il n’y eût plus de retour : tout infidèle que je le croyais, j’avais encore quelque consolation à le voir ; mais que devins-je à la lecture de ce billet, qui m’annonçait que j’en allais être tout à fait séparée ? Ne doutant point qu’il ne fût chez ma rivale, j’y envoyai le lendemain ; mais on me fit dire qu’elle était partie la veille à cinq heures du soir avec Vépry.