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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/226

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LES ÉGAREMENTS

Ce fut alors que je connus, mais trop tard, l’imprudence qu’il y avait eu à faire sentir à Andricourt que je m’étais vengée ; car enfin c’est sur ce malheureux éclaircissement que chacun se crut en droit de travailler à ma perte. Trois jours après être un peu remise de mon indisposition, j’allai à Aix pour essayer de revoir mon infidèle, que je ne doutai point être fort tranquille avec la Beauval. J’appris en arrivant qu’ils étaient depuis deux jours à la campagne, et qu’ils en revenaient le soir même. Ne voulant point hasarder une lettre qui aurait pu ne pas être exactement rendue à son adresse, je m’adressai à un drôle qui faisait ordinairement les commissions de l’auberge où j’étais descendue : je le chargeai d’observer soigneusement, aux environs du logis de la Beauval, un jeune homme que je lui dépeignis être tel que Vépry, de le suivre dès qu’il l’en verrait sortir, et de l’engager à se rendre à l’auberge où on l’attendait. Il vint le soir me dire qu’il avait vu sortir le jeune homme, mais qu’il n’avait pu lui parler, parce qu’il donnait le bras à mademoiselle Beauval, avec laquelle il était rentré. Je lui ordonnai de revenir le jour suivant, et lui donnai un écu pour l’engager à être exact : je n’avais garde de soupçonner le cruel embarras dans lequel je me plongeais moi-même. Vers les dix heures