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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/231

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DE JULIE


bien plus tôt, si j’avais soupçonné qu’elle dût si bien réussir.

Le fils du geôlier, libertin de profession, que j’avais eu occasion de voir quelquefois, m’avait semblé se dépouiller en ma faveur de la férocité ordinaire aux gens de son état : je profitai des dispositions dans lesquelles il me parut, je lui peignis l’ennui auquel je succombais dans la prison, tel que, malgré toute l’apparence qu’il y avait que j’en dusse bientôt sortir, je compterais volontiers mille écus à qui faciliterait mon évasion. Ce n’était guère prudemment raisonner de chercher à m’échapper au moment que je voyais approcher une entière justification, que ma fuite semblait devoir rendre douteuse : quoi qu’il en soit, je m’y déterminai. Je changeais à vue d’œil, je ne respirais qu’après un prompt rétablissement, et une entière liberté. Je m’imaginai d’ailleurs que la déposition du criminel nouvellement arrêté ne laisserait plus de doute sur mon compte, et ayant trouvé mon homme sensible à mes offres, je pris de justes mesures pour me faire promptement venir l’argent dont j’étais convenue pour mon évasion. Heureusement pour moi que la veille de mon départ de Marseille, n’étant point sûre du domestique que je laissais à la maison, j’avais remis à M. Morand la meilleure partie de ce qui me restait en