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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/245

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DE JULIE


quoi seconde les impressions d’une jolie figure : c’est le grand art de la coquetterie, auquel on ne parvient que par les avis, l’usage et l’étude de soi-même. Il est plus difficile qu’on ne pense de faire entendre à un homme qui vous regarde voluptueusement, qu’on s’en aperçoit, qu’on y prend plaisir, qu’il ne se gêne pas, qu’il est à même, qu’il ne voit encore rien ; et tout cela d’un coup d’œil.

Quelle consommation ne faut-il point pour marier avec grâce tous ces petits riens, qui exposent, pour ainsi dire, dans le premier aperçu ces beautés de détail, dont la plus grande partie échapperait sans cela à la plus subtile pénétration ! C’est une petite impatience, signe de vivacité, qui précède un éclat de rire, dans lequel une belle denture relève l’éclat d’une lèvre vermeille ; c’est une main distraite qu’on approche d’un sourcil, pour en laisser remarquer la forme et la blancheur ; c’est une manchette dont on montre le désordre pour exposer un beau bras ; une gorge qu’on découvre à propos pour en laisser voir la rondeur et l’élasticité ; c’est une espèce de faux pas qui attire l’attention sur un petit pied bien tourné, qu’on a grand soin de raffermir en relevant imperceptiblement une jupe qui cache une jambe fine et bien coupée ; quelques légers mouvements enfin