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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/253

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DE JULIE


la noblesse de son procédé. Je pensais intérieurement qu’un homme d’un pareil caractère devait avoir de grandes qualités ; j’aurais désiré le connaître particulièrement ; mais tous mes efforts pour le rejoindre jusqu’alors furent inutiles.

Quelque détachement que j’eusse pour la vie, je trouvai pourtant quelque consolation à recouvrer la santé. Mon embonpoint revenait à vue d’œil, et me faisait espérer qu’après avoir payé ce petit tribut à la douleur, je reviendrais telle que j’étais auparavant. Croyant mes forces assez rétablies, je voulus me hasarder à sortir ; mais je n’eus pas fait dix pas, qu’il m’arriva un accident dont les suites apportèrent en moins d’un mois bien du changement dans ma situation. Loin de prévenir l’effet du grand air, qui m’avait surprise d’abord, je poursuivis mon chemin, et tournant avec trop de précipitation le coin de la rue, je me trouvai embarrassée entre une borne et un carrosse qui serrait le mur de trop près. Je n’eus que le temps de crier, et de reconnaître sieur Valérie qui était dedans. La surprise et la peur me saisirent, le pied me glissa, et je tombai sous la roue, plus morte que vive. Le cocher arrêta heureusement ses chevaux, le monde s’amassa ; on me retira de dessous le carrosse avec une petite contusion à la tête, et l’on me porta, pour me rassurer, dans la boutique d’un épicier, qui