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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/265

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DE JULIE


qu’on vienne dans votre pauvre réduit vous soutenir contre les pièges du vice, puisqu’il faut trancher le mot, je crois que vous y resterez longtemps misérable. Il ne faut qu’un peu raisonner pour voir jusqu’où va la folie des hommes ; tout déchaînés qu’ils se montrent en général contre la dépravation des mœurs, ils ne laissent échapper, chacun en particulier, aucune occasion de séduire l’innocence : leur vanité va jusqu’à excuser intérieurement les désordres dans lesquels ils entraînent, et qu’ils croient inévitables par le penchant irrésistible qu’ils se flattent d’inspirer, tandis qu’ils se réunissent pour les fronder. Étrange opinion ! il faut être aussi fou qu’eux pour s’y soumettre.

Au reste, vous ne devez pas me savoir mauvais gré de la petite ruse dont je me suis servie pour vous attirer ici ; mon nom vous aurait effrayée, et à tort cependant ; j’exerce ma profession avec autant d’honneur que de bonne foi : il n’y a que manière de se distinguer dans toutes sortes d’états. Grâce au ciel, personne ne se plaint ; et pour peu que vous ne vouliez pas faire l’innocente, vous serez bientôt aussi contente que je le suis. Croyez-moi, les plus courtes folies sont les meilleures ; il n’est rien de tel que de marcher à la fortune par la voie du plaisir. Quelle fortune, et

  
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