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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/273

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DE JULIE


tristesse au comble de la joie, comprendra facilement quelle satisfaction je goûtai après le départ de M. Poupard. Je ne pouvais m’imaginer que cette rencontre fût réelle : mes malheurs seraient-ils donc finis, m’écriai-je, en me voyant toute seule ! Heureux hasard ! qu’en cet instant tu parais vouloir me dédommager des accidents fâcheux auxquels tu m’as exposée ! Quelle riante perspective ! Qui se serait imaginé que c’était dans un lieu suspect que je devais rétablir ma réputation dans l’esprit d’un homme qui n’avait déjà que trop sujet de me mépriser ? Je ne doutai plus qu’il ne revint à moi plus amoureux que jamais : quoiqu’il l’eût beaucoup été, j’étais encore plus sûre de le mener ; ma seule inquiétude roulait sur la petite honte qu’il y avait à paraître forcée par la nécessité de retourner à lui. J’ignorais alors les heureuses nouvelles qui m’attendaient chez moi : ce jour devait être pour moi un jour de félicité entière.

Il n’attendit pas la fin du jour pour me venir trouver, son impatience me l’amena deux heures avant que nous pussions sortir. Allons, me dit-il, embrasse-moi ; faisons la paix, car le diable veut que je t’aime toujours : je viens de quitter mes affaires pour me réjouir une couple d’heures. Je lui fis entendre que j’étais d’autant moins amusante alors, que j’étais beaucoup plus