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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/280

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LES ÉGAREMENTS


dans le détail d’une vie plus ennuyeuse qu’intéressante, et dont les événements m’ont avec raison rebuté du commerce de mes semblables. Quatre faits principaux suffiront pour vous convaincre des justes sujets que j’ai de me plaindre de l’ingratitude des hommes. De trente-six ans auxquels je suis parvenu, j’en ai passé huit dans les prisons, sans avoir été coupable d’autre crime que celui de céder trop facilement aux mouvements d’une compassion bienfaisante.

Né avec quelque peu de bien, j’ai eu la facilité de donner une partie de ma jeunesse à l’étude ; j’y ai pris goût, et ne voulant point écouter, dans un âge plus avancé, les sollicitations de quelques parents qui désiraient que je prisse un parti ; connaissant d’ailleurs tous les avantages d’une vie tranquille et indépendante, je ne trouvai point d’état qui me convînt mieux que celui de n’en point avoir. Les avantages du barreau, des armes, du commerce et de la finance me furent inutilement démontrés ; content du peu que je possédais ; je ne voulus point travailler à l’augmenter, ni risquer de le diminuer. Je me trouvai à vingt-quatre ans maître de moi-même et de mon bien : borné à un certain nombre d’amis, aimant le plaisir, mais haïssant la débauche ; estimant d’ailleurs, avec toutes les