là ; mais j’avais mes raisons pour ralentir les
progrès de M. Poupard, qui donnait intérieurement
la causeuse à tous les diables. Heureusement
pour lui qu’après avoir bâillé deux heures
entières, elle se retira, de peur, nous dit-elle,
de se rendre indiscrète. Elle n’eut pas plutôt les
talons tournés, qu’il se plaignit du désagrément
qu’il y avait à être obsédé ; ajoutant qu’il fallait
prendre un appartement dans lequel on pût se
regarder comme chez soi. Je lui représentai,
feignant d’ignorer ses vues, que mes moyens ne
me permettaient plus toutes les commodités que
je m’étais autrefois procurées. À quoi il me répondit
que ce n’étaient pas là mes affaires ; qu’il
avait du goût pour ces sortes de choses, et que
je m’en rapportasse à lui : que si le Palais-Royal
n’avait rien qui me déplût, il avait en main ce
qu’il me fallait. Je le remerciai en lui disant que
je trouverais toujours bien ce qu’il ferait. Ah !
voilà parler, me dit-il ! allons, embrassez-moi.
Çà, raisonnons : tu sais bien que je suis ton ami,
qu’on ne manque de rien avec moi : mon amour
est solide ; là, m’aimeras-tu un peu ? Voyons
si… Et tout en parlant, une main larronesse
cherchait à prendre des arrhes sur le marché
que nous étions prêts de conclure. Je lui répondis
que mon attachement pour lui serait aussi
sincère que le plaisir que j’avais à l’avouer ; que
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LES ÉGAREMENTS