Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
DE JULIE

Après avoir été plusieurs fois aux spectacles, où j’avais sans doute fait de nouveaux progrès dans le cœur de sieur Valérie, avec lequel je n’avais pu parvenir à voir sa maîtresse, je reçus une lettre de lui, par laquelle il me fit toutes les offres imaginables, et me spécifia les mauvais services que la Valcourt m’avait rendus auprès de lui ; ajoutant qu’il était prêt de me la sacrifier ; qu’un seul mot favorable le mettrait au comble de ses vœux et me le ramènerait plus tendre que jamais ; que son arrangement avec la Valcourt était moins une affaire de cœur qu’une fantaisie. Je fus bien tentée de me venger de ma fausse amie : rien n’était plus humiliant que cette lettre, c’était l’anéantir que de la lui envoyer ; mais, devenue plus circonspecte par l’aventure de Marseille, je ne risquai point de détruire le bonheur dont je jouissais, en voulant le couronner du plaisir de la vengeance : je me contentai de remercier poliment sieur Valérie, et me faire un mérite de sa lettre auprès de M. Poupard, à qui je la montrai. Les gros avantages qu’il m’offrait y étaient amplement détaillés. Je ne vis jamais homme plus transporté. La vengeance qu’il crut par là tirer de son neveu, jointe à l’acte de fidélité qu’il trouvait dans mon procédé, lui fit un plaisir inexprimable. Ce trait m’acquit toute sa con-