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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/52

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LES ÉGAREMENTS


frais. Nous étions tous quatre assis sur l’herbe, au pied d’un buisson épais, en attendant l’heure de la collation, lorsqu’une biche indiscrète vint malhonnêtement brouter quelques feuilles du buisson dans lequel sa perruque était engagée : le bruit le fit retourner si précipitamment qu’il laissa son in-folio entre les dents de la biche, à laquelle le branchage en disputait une partie. La bête épouvantée de la figure et du mouvement qu’il fit en se retournant, termina le différend par une dernière secousse, qui la rendit maîtresse du gros de la chevelure, aux dépens de quelques boucles qui restèrent au buisson. La frayeur ne l’eut pas plutôt fait fuir, que nous nous mîmes par ordre en devoir de courir à la conquête de cette nouvelle toison. M. Poupard, tout bouffi de colère, se mit à la tête, son chapeau sous le bras, sa canne levée. La Château-Neuf relevant ses jupes à deux mains, suivait courageusement l’enfant de chœur, sur les pas duquel la Daigremont se traînait, m’excitant à en faire de même. Le rapt devint en un moment une cause commune. Nous devions faire un plaisant tableau : qu’on se représente M. Poupard et les deux vieilles entrer tout-à-coup en partie de chasse et courir le cerf dans le bois de Boulogne. Heureusement pour eux que les cheveux presque avalés