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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/54

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LES ÉGAREMENTS


et les servantes par ordre chargèrent le marmiton. Pour couronner l’œuvre, M. Poupard appela son laquais, qui, le voyant dans cet équipage, et la perruque à la main, éclata de rire comme les autres. Heureusement pour le pauvre garçon qu’au premier geste que celui-ci lui eut fait de la canne, il se crut en droit d’aller rire ailleurs. À peine fut-il sorti que nous vîmes entrer le cocher, qui retroussé jusqu’aux coudes, tenait entre ses mains une grosse éponge dont il se servait à laver ses chevaux. Cette dernière circonstance, par l’effet du hasard, parut si plaisante, que chacun abandonna la place et nous laissa dans l’embarras d’apaiser l’homme le plus outré que j’aie jamais vu : il n’était que comique, il devint affreux. Je songeai seulement à l’adoucir ; il se rendit à nos instances : nous le conduisîmes dans la chambre où l’on devait nous servir, et je pris moi-même la peine de bassiner la partie affligée. Mon attention fit des merveilles, elle acheva de me gagner ses bonnes grâces ; mon bon cœur lui plut : la part que je parus prendre à son accident lui en fit oublier la douleur, il me promit de ne plus songer à rien, et rappela son domestique, auquel, en ma faveur, il accorda pleine indulgence. On servit enfin : nous nous mîmes à table. J’étais vraisemblablement placée auprès de M. Pou-