Aller au contenu

Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
LES ÉGAREMENTS


sa douleur, les larmes aux yeux ; me fit ressouvenir qu’il avait tout hasardé pour moi, négligé sa fortune, trahi son oncle, réduit son père au désespoir, terni sa réputation, manqué peut-être à l’exacte probité ; qu’il m’avait enfin tout sacrifié, et que je lui refusais jusqu’au moyen de se sauver de la colère d’un père et de la sévérité de la justice. Car enfin, ajouta-t-il, quelle couleur pourrai-je donner à votre enlèvement ? Vos tantes ont sans doute informé contre moi ; on me cherche : errant, fugitif, je n’ai plus d’asile ; peut-être à l’instant même n’est-il plus temps. Vous n’ignorez pas l’attachement inviolable que j’ai pour vous ; qu’il n’est pas en mon pouvoir de m’éloigner seul : vous n’en sauriez douter, je vous le répète, et vous avez la cruauté de me perdre en vous obstinant à rester ici, où nous commençons à n’être que trop connus. Ces justes alarmes ne purent me déterminer à rien, j’eus encore la dureté de lui dire qu’il aurait dû prévenir ces accidents avant de hasarder notre fuite. Je lui fis valoir à mon tour les avantages que je lui avais sacrifiés : ce coup le rendit furieux, il s’exalta en reproches, se porta aux fureurs ordinaires aux amants outragés, et me signifia en sortant qu’il saurait bien prendre son parti. Je ne me sentis point touchée ; il me vint compagnie, je m’étourdis sur les pru-