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Page:Perrin - Les Egarements de Julie, 1883.djvu/99

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DE JULIE


prenait. Si je ne lui eusse imposé, et sans quelque considération pour vous… Oui, madame, après m’avoir grossièrement signifié le peu de plaisir que lui feraient mes visites à l’avenir, il a ajouté que quelque bonté vous avait empêchée de me dire vous-même ce dont je n’avais que trop dû m’apercevoir. L’air d’aigreur et de supériorité dont il a assaisonné son compliment m’a conduit à des vivacités dont je me repens actuellement, et je n’ai pu me déterminer à partir sans vous avoir reproché de vive voix la conduite d’un pareil procédé. Quel fut mon étonnement ! Plus le rapport de Bellegrade me parut sincère, et plus l’action du sieur Valérie me parut basse. Intérieurement satisfaite de l’ignominieuse leçon à laquelle il s’était exposé, je conçus pour lui certain mépris qui tourna tout à l’avantage du chevalier. Je ne le regardai plus que comme un traître à qui tous les noms étaient permis ; dès l’instant je résolus bien d’éprouver si la vengeance était aussi douce que je l’avais ouï dire. Je commençai par tout mettre en usage pour désabuser le chevalier ; protestations, serments, soupirs, larmes. Je n’eus sans doute pas de peine à le détromper ; mais il feignit toujours une inquiétude, sur laquelle tout ce que je lui avais dit ne pouvait le rassurer. Non, me dit-il, je ne puis vous croire, si vous