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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/322

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[1204] de la conqueste

entreprendre ce qu’il avoit fait jusques là. Neantmoins le mareschal de Champagne fit si bien, que, moyennant l’ayde de Dieu et des barons qui estoient du conseil du marquis, lequel d’ailleurs luy portoit beaucoup d’affection, luy promit de s’en remettre au duc de Venise, au comte de Blois, à Conon de Bethune, et à luy-mesme, qui tous sçavoient bien les conventions. Par ce moyen il y eût tréve et suspension d’armes entre ceux de l’armée du marquis et ceux de la ville ; ce qui tourna au contentement des uns et des autres, qui ne desiroient que la paix entre ces deux princes, et en témoignérent grande obligation au mareschal et à Manassés de Lisle, qui l’avoient mise en bon chemin. Mais autant que les François furent réjoüys de cét accommodement, autant les Grecs en eurent de dépit et de creve-cœur, desirans avec passion que cette querelle et cette guerre durât long-temps. De cette façon le siege d’Andrinople fut levé, et le marquis s’en retourna avec son armée à Didymotique, où il avoit laissé l’Imperatrice sa femme.

153. Les deputez retournérent à Constantinople, et racontérent ce qu’ils avoient negotié ; dont le duc de Venise, et le comte Louys de Blois, et tous les autres eurent grande satisfaction, particuliérement quand ils apprirent que le marquis s’estoit remis entiérement sur eux pour l’accommodement. Ils depéchérent à l’instant un courrier vers l’empereur Baudoüin pour luy faire entendre le tout, et comme le marquis se remettoit sur eux de leur differend, ce qu’il devoit faire de sa part, et l’en supplioient instamment, ne pouvans souffrir en aucune façon qu’ils vinssent aux armes l’un contre l’autre, et aussi de