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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/456

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[1207] de la conqueste

grands butins, estans retournez au camp, prirent resolution de quitter le Bulgare et de se retirer dans leur pays ; ce qu’ayans exécuté, il n’oza demeurer sans eux devant Andrinople, et leva le camp bientôt aprés, abandonnant et la ville et son entreprise : ce que veritablement on tint à espece de miracle, de ce qu’ayant une si puissante armée, et reduit cette place à cette extrémité, telle que d’estre en estat d’estre prise, il l’ait ainsi abandonnée ; mais il faut que les volontez de Dieu s’accomplissent. Les assiegez envoyérent aussi-tôt donner avis à l’Empereur de la levée du siege, et pour le prier de vouloir s’acheminer vers eux, de crainte que s’il prenoit envie au Bulgare de retourner ils ne pûssent se deffendre, et ne courussent risque de leurs vies.

245. Comme l’Empereur faisoit ses preparatifs pour avec ce qu’il avoit de trouppes prendre la route d’Andrinople, luy arrivérent de tres-fâcheuses nouvelles : que Escurion, admiral et general des armées de mer de Theodore Lascaris, estoit entré avec dix-sept galéres par le détroit d’Abyde dans le bras de Saint George, et monté le long du canal jusques à Squise, où estoient Pierre de Braiecuel et Payen d’Orléans, et qu’il les y avoit assiegez du costé de la mer, et Lascaris du costé de terre ; mesmes que les habitans s’estoient revoltez contre Pierre de Braiecuel ; ensemble ceux de Marmora, qui luy appartenoit, et dont les habitans luy avoient fait hommage, et luy avoient tué nombre d’hommes. Cette nouvelle mit l’effroy dans Constantinople.

246. Sur quoy l’Empereur, aprés avoir pris conseil de ses barons et des Venitiens, voyant bien que s’il ne