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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/487

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de l’empire latin

Depuis la mort de Morosini, le clergé et les seigneurs n’ayant pu s’accorder sur les formes de l’élection, les papes s’étoient attribué le droit de nommer les patriarches : droit qu’ils conservèrent jusqu’à la fin de l’Empire latin, et qui diminua beaucoup l’éclat que devoit avoir l’Église de Constantinople.

Pendant sa régence, Conon de Béthune étoit parvenu à préserver l’Empire d’une invasion. Il avoit contenu Théodore d’Épire, et s’étoit opposé aux projets ambitieux de Lascaris, qui, devenu l’époux de Marie, sœur de Robert, et se prévalant de la longue absence de ce prince, prétendoit que sa femme avoit des droits à un trône qui sembloit abandonné. Des disputes s’étoient en même temps élevées entre le clergé et les seigneurs. Au moment de la conquête, la plupart des domaines ecclésiastiques avoient été donnés aux gentilshommes ; et il avoit été convenu que les nouveaux titulaires des évêchés, des cures et des bénéfices seroient dédommagés par un traitement fixe. Sous les deux derniers Empereurs, le clergé avoit vainement réclamé contre cet arrangement ; le cardinal Colonne fit valoir, sous la régence, les droits de l’Église, et obtint qu’une grande partie de ses biens lui fût rendue : mesure qui déplut aux seigneurs, et détermina quelques-uns d’entre eux à retourner dans leur pays. À cette occasion, Geoffroy de Ville-Hardouin, neveu de l’auteur des Mémoires, devenu prince d’Achaïe, se livra, contre le clergé de ses États, à des excès qui attirèrent sur lui les censures du Pape : la crainte lui fit modérer ses prétentions.

Robert approuva tout ce qu’avoit fait Conon de Béthune, qui malheureusement mourut peu de temps