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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/526

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décadence

endroits foibles, et de ne rien entreprendre. L’ambition du César le fit manquer aux ordres de son souverain, et le succès le plus inattendu couronna sa témérité.

Instruit que les Vénitiens, qui formoient la principale force de la ville, avoient des projets sur une forteresse du Pont-Euxin appelée Daphnusie, il écrivit au commandant de cette place de paroître disposé à la rendre, et d’exiger seulement qu’on envoyât un corps de troupes considérable, pour avoir l’air de ne céder qu’à la force. Cette ruse réussit complètement : au moment où le César s’approcha de Constantinople, presque toutes les troupes disponibles étoient parties pour Daphnusie.

À la vue de l’armée grecque, les paysans du territoire, qui souffroient depuis si longtemps, supplièrent le général d’attaquer la ville, lui représentant qu’elle n’avoit plus de défenseurs, et que les femmes et les enfans des Français étoient hors d’état de lui résister. Il ne s’avança qu’avec précaution, et ne montra d’abord que peu de troupes, afin de ne pas effrayer les habitans. Un de ces derniers lui fut amené, et il s’empressa de lui demander comment il avoit pu sortir de la ville. L’habitant lui répondit que sa maison communiquoit à un souterrain qui menoit hors des murs. On tint conseil, et après beaucoup d’hésitation on convint de faire entrer pendant la nuit cinquante hommes par ce passage, avec l’ordre d’abattre à coups de haches la porte dorée qui en étoit voisine, tandis que, d’un autre côté, on essaieroit une escalade.

Tout s’exécute comme on l’avoit réglé : les soldats pénètrent dans le souterrain, et l’on attend le signal