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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/121

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d’Amboise, et introduire une nouvelle religion en France, ne vouloit recevoir aucunes raisons ny excuses qu’il alleguast, ny la princesse sa femme, laquelle sollicitoit jour et nuit, et se mettoit souvent à genoux devant Sa Majesté avec infinies larmes, suppliant de luy permettre qu’elle le vint voir et parler à luy. Mais le Roy ne se put tenir de luy dire tout haut que son mary luy avoit voulu oster sa couronne et Estat, et l’avoit voulu tuer.

Le roy de Navarre, qui n’osoit parler à elle, n’estoit pas aussi sans crainte, parce que le bruit estoit pour le moins qu’il ne bougeroit de prison serrée, s’il n’avoit pis. Et disoit-on qu’il estoit en grand danger d’estre aussi accusé de crime de leze-majesté : dont l’on dict que la Reyne, mere du Roy, luy donna advertissement, et de se preparer à ce qu’il devoit respondre. De sorte qu’estant mandé par le Roy pour la troisiesme fois pour aller parler à Sa Majesté, il dict à ses amis qu’il craignoit fort qu’on ne luy fist mauvais party ; mais, au contraire, le Boy luy usa de toute douceur, bonnes paroles et gracieuses remonstrances. Aussi le roy de Navarre, qui estoit bon prince, parlant à Sa Majesté, adoucit de beaucoup l’aigreur qu’elle pouvoit avoir contre luy.