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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/175

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que par l’authorité des edicts. Plusieurs autres ministres protestans, qui n’estoient point ministres de ladicte ville, furent aussi emprisonnez pour estonner les autres, et les réduire par ce moyen à la religion catholique : à laquelle plusieurs s’y réduisirent, ou feignirent vouloir abandonner la protestante, voyans qu’il n’y avoit pas grande seureté aux edicts faits en faveur desdicts protestans. Ce nonobstant, en plusieurs autres endroits de la France, les ministres ne laissèrent pas de continuer les presches jusques à ce que la guerre fust déclarée et l’edict de janvier revoqué[1] ; et d’autant que plusieurs seigneurs qui s’estoient monstrez protestans, craignoient qu’estans écartez les uns des autres, ils ne fussent en danger, non-seulement de perdre l’exercice de leur religion, mais aussi les biens et la vie, cela les fit rallier ensemble en ladicte ville d’Orléans, en laquelle estoit le prince de Condé, et avec luy l’admiral de Chastillon, d’Andelot, le prince Porcian, le comte de La Rochefoucault, le sieur de Piennes, de Soubise, de Mouy, Sainct-Fal, d’Esternay et plusieurs autres, qui firent ledict prince de Condé leur chef : ce que volontiers il accepta, tant pour estre de son naturel ambitieux, et pour avoir moyen de se venger de ses ennemis, qu’aussi pour la crainte qu’il avoit de tomber en leurs mains. Lors il escrivit au connestable qu’il le prioit de cesser de tourmenter les protestans, et faire envers le Roy que les edicts, faits pour eux avec grande cognoissance de cause, fussent entretenus ; mais cela ne luy servit de rien.

  1. Et l’edict de janvier révoqué. Cet édit cessa d’être exécuté pendant la guerre partout où les catholiques étaient les maîtres, mais il ne fut révoqué par aucun acte public.