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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/198

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plus de temps, ains de combattre, ou avancer quelque chose.

L’Admiral, entendant cette délibération des catholiques, ne fut pas d’avis que l’on hasardast ce peu de gens qu’ils avoient, veu qu’ils esperoient plus grandes forces, et que par ruses et stratagèmes, en temporisant, ils renvoiroient l’armée du Roy sans faire aucun effect : laquelle, voyant que l’armée huguenotte ne vouloit en façon quelconque venir au combat, alla mettre le siège devant la ville de Blois, qui fit mine de se vouloir deffendre ; mais estant l’artillerie pointée sur le bord du fossé, en deux volées de canon fit brèche au portail et dedans la courtine, dont les assiégez et habitans de ladictc ville furent si estonnez, qu’en moins de trois heures ils levèrent la main pour parlementer. Le sieur Dalluye, secrétaire d’Estat, et moy, allasmes pour traicter de la composition ; mais les pauvres habitans, estonnez et esperdus, ne sçavoient sinon demander miséricorde avec telle condition que l’on voudroit, parce que quelques huguenots, qui avoient tenu la ville, incontinent qu’ils ouirent tirer l’artillerie, s’enfuirent, tant par la porte de Vienne que du long de la levée : et presque aussi-tost entrèrent par la bresche de la courtine le roy de Navarre, le duc de Guise, le grand prieur et quelques gentilshommes, pour garder que la ville ne fust pillée et saccagée.

Mais comme les choses estoient desjà en grande altération, et ces noms de huguenots et papistes portoient avec eux un mépris et une haine si grande, qu’ils se traictoient comme mortels ennemis, les soldats estans entrez de tous costez en la ville, chacun en print où il put, quelque ordre et commandement que l’on