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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/235

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huguenots se retirèrent au camp du Roy, ou en leurs maisons : entr’autres, Genlis, lequel avoit toujours esté serviteur de la maison de Guise, se retira comme à demy mal-content du prince de Condé et de l’Admiral ; et ayant prié un soir le sieur d’Avaret, qu’il avoit tiré de ce costé-là, de l’accompagner, il s’en alla avec le mot du guet, sans que ledit d’Avaret le voulust suivre ; mais rapporta cette nouvelle, qui estonna fort le prince ; lequel fit soudain changer le mot, combien que Genlis asseurast ledit d’Avaret qu’il ne feroit rien contr’eux, ny changeroit de religion.

Au mesme temps, l’armée du Roy fut renforcée des compagnies espagnoles et de plusieurs Gascons ; qui fut cause que le prince de Condé, ayant prins conseil de ce qu’il falloit faire, advisa de se retirer vers la Normandie, où les huguenots avoient quelques villes qu’ils vouloient asseurer et y passer l’hyver, et pour se fortifier de plusieurs de leurs partisans en ladite province qui estoient en leurs maisons, et des Anglois que la reyne d’Angleterre promettoit de leur envoyer avec quelque somme d’argent pour le payement de leurs reistres, qui commençoient fort à se mescontenter de ce qu’on ne leur pouvoit tenir promesse ; joinct aussi que le Roy commençoit à les faire pratiquer.

Davantage, l’on avoit fait une délibération d’attaquer le prince au mesme lieu qu’il avoit choisi pour combattre devant Paris, où il estoit en danger de se perdre et toute son armée, s’il y fust demeuré plus longtems. Quoy voyant, et qu’il ne pouvoit avoir la paix aux conditions qu’il désiroit, ny moins forcer les tranchées de Paris, il prit résolution le dixiesme de décembre 1562 de desloger, faisant mettre le feu à la plus-