Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mandement à Mouy et à Davaret, qui avoit succédé à Genlis, en les asseurant qu’il les suivroit de bien près, comme il fit de telle furie qu’ils entamèrent fort le bataillon des Suisses avec les reistres, qui les chargèrent en mesme temps ; mais lesdits Suisses, lesquels firent ce jour-là tout ce qui se pouvoit désirer de gens de bien, se rallièrent avec grand courage, sans espargner les coups de picques à leurs ennemis.

En ce mesme temps d’Anville, aujourd’hui mareschal de France, s’advança avec trois compagnies de gens d’armes et les chevaux légers, ausquels il commandoit, pour faire teste au prince ; mais il fut en mesme temps chargé par les reistres, où fut tué Montberon son frère ; La Rochefoucault donna aussi dedans les Suisses, qui les trouva ralliez, et où il ne gagna guères. Cependant l’Admirai, avec une grosse troupe de reistres, son régiment et la troupe du prince Porcian, marcha droit au Connestable, qui soustint cette grande charge, en laquelle il fit, et plusieurs qui estoient avec luy, tout ce qui se pouvoit. Quelques autres ne tinrent ferme, voyant qu’il avoit eu son cheval tué, remonté aussi-tost par d’Orayson, son lieutenant, qui luy bailla le sien ; mais enfin estant rechargé, et fort blessé au visage d’un coup de pistolet, il fut contraint de se rendre à un gentilhomme françois, au quel les reistres l’ostèrent, en prenant sa foy et son espée de force : et pour en parler en un mot, la bataille où il commandoit fut presque desfaite, combien que les Suisses se ralliassent tousjours, en faisant teste à toutes les charges qui leur estoient faites : de sorte que jamais cette nation ne fit mieux que ce jour-là. Les lanskenets du prince de Condé, les voyans ainsi