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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/352

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près ; ce qu’elle ne pourroit faite par personne en qui elle eust plus de fiance. Sur cela je depeschay en toute diligence un courier à Leurs Majestez, leur escrivant amplement le traité de ce mariage, qui s’avançoit tous les jours de telle façon, que mal aisement la reyne d’Escosse eust pu dès-lors s’en retirer. Quoy entendans, Leurs Majestez me remandèrent aussi-tost que, puisque les choses estoient en ces termes pour cette alliance, elles ne l’auroient pas desagreable, ains la trouveroient beaucoup meilleure que celle de l’archiduc d’Austriche, du prince d’Espagne, ou de quelqu’autre prince que ce fust, au cas que Dieu n’eust ordonné qu’elle se pust faire avec le duc d’Anjou, et qu’à la vérité ils estoient fort proches : et ce que Leurs Majestez m’en avoient commandé, estoit plustost pour la grande amitié qu’elles portoient à la reyne d’Escosse, qui avoit esté nourrie avec eux, que pour grande nécessité qu’il y eust, et qu’ils estimoient qu’avec l’alliance de ce jeune seigneur d’Arlay elle se maintiendroit en parfaite amitié, et son royaume d’Escosse, avec la France.

Ainsi donc estant remis en moy d’user discrettement de ce que m’en escrivoient Leurs Majestez, pour laisser plustost aller avant ce mariage que de le rompre ou empescher, il ne faut pas demander si je fus bien reçu de ces deux amans, puis que j’avois dequoy contenter leurs affections, et ausquelles je ren dois plustost de bons que de mauvais offices : neantmoins la reyne d’Escosse me protesta souvent n’avoir point de plus grande passion qu’au bien de son Estat, et à vouloir le conseil de ces amis, entre lesquels elle mettoit le Roy et la Reyne sa belle-mere, pour les plus certains et assurez. Et lors me pria qu’elle me pust commettre toute