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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/371

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Alors s’assemblèrent trois cens gentils-hommes des plus entendus à Bruxelles au mois d’avril 1566, et présentèrent une requeste à la duchesse de Parme, afin d’oster l’inquisition ; surquoy elle respondit qu’elle en avoit escrit au roy d’Espagne, et, en attendant la response, il falloit surseoir les poursuites de l’inquisition : mais, nonobstant cela, ces trois cens gentils-hommes firent confederation mutuelle avec ceux qui leur estoient favorables, de chasser l’inquisition, et firent mouler quantité de médailles, èsquelles y avoit deux mains accolées, et deux gobelets avec une besace, et de l’autre costé estoit aussi escrit : par flammes et par fer. Autres portoient les armoiries de Bourgogne, avec ces mots : escu de viane. Et s’appelloient ces confederez les Gueux, parce que l’un des conseillers de la duchesse de Parme, sur la difficulté que l’on faisoit d’accorder leur requeste, dit que ce n’estoient que des gueux. Lesquels, voyans que les poursuites de l’inquisition estoient relaschées, se résolurent de prescher publiquement par les villes, villages et presque par tout le Pays-Bas ; entrerent es églises, rompirent les images, et de là vinrent aux armes et se saisirent de quelques villes.

De sorte que la duchesse et son conseil s’y trouvèrent bien empeschez, et n’y purent apporter meilleur ny plus prompt remede, que de leur accorder des temples pour prescher, et, par ce moyen, les prier de laisser les armes. Ce qui fut traicté avec aucuns des seigneurs et confederez, qui firent tant avec les peuples, qu’ils poserent les armes, et pour le surplus obeyrent au roy d’Espagne et à ses officiers et magistrats. Dequoy le roy d’Espagne estant adverty, fut fort irrité