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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/42

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L’on voit qu’en Angleterre il y a plus de trois cens ans que l’ordre de la Jartiere y estant estably par Edouard troisiesme, n’a point encores esté changé ny le nombre des chevaliers excedé. Et mesmes de mon temps je ne l’ay point veu remply, ny pareillement l’ordre de la Toison, estably par Philippe deuxiesme, duc de Bourgogne, pour le peu de chevaliers qui obtiennent ces honneurs.

Or les inimitiez et partialitez prenans tousjours accroissement, ceux d’entre les protestans qui craignoient le plus, se mettans devant les yeux le danger qui les menaçoit de perdre la vie, leurs femmes, leurs enfans et leurs biens, prenoient de là occasion de se liguer avec toutes sortes de mal-contans, leur disans qu’ils ne devoient aussi endurer de se voir forclos et frustrez de pouvoir tenir des estats et charges honnorables dans le royaume. Par ce moyen donc les ministres, surveillans et protestans, s’adresserent premierement au roy de Navarre, qui avoit quelque sentiment de la religion protestante, ayant espousé une femme qui en estoit, et aussi sa mere, sœur du feu roy François premier[1], laquelle fut des premieres princesses qui en fit profession.

Mais voyans que le roy de Navarre, qui leur avoit promis de les assister, s’estoit retiré en sa maison après avoir mené la reine Elisabeth en Espagne, ils s’adresserent à Gaspard de Coligny, admiral de France, et au cardinal de Chastillon et d’Andelot ses freres, qui estoient aussi de cette religion ; et mesmes ledit d’An-

  1. Sœur du feu roy François I : Marguerite, reine de Navarre. Tous les détails qu’on peut désirer sur elle se trouvent dans l’introduction aux Mémoires de Du Bellay, page 216.