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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/73

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Le bruit estoit commun que le roy François premier avoit eu volonté de marier sa sœur, vefve du feu duc d’Alençon, au roy d’Angleterre, laquelle depuis espousa Henry d’Albret, roy de Navarre, et qu’il avoit incité le cardinal d’York, pour lors ambassadeur en France, de tenir la main à ce que la dispense de Jules deuxiesme fust jugée abusive. Mais deux choses empescherent le mariage : l’une, qu’il craignoit que la repudiation fust trouvée mauvaise ; l’autre, que le roy d’Angleterre n’aimoit pas madame la duchesse d’Alençon, son but estant d’espouser Anne de Boulen pour sa beauté.

Et d’autant que l’ambassadeur d’Espagne pressoit le Pape de faire juger le procès, le Pape differoit, tant pour la crainte d’offenser l’Empereur, qui avoit de grandes forces en Italie, s’il donnoit jugement au profit du roy d’Angleterre, qu’aussi donnant la sentence au contraire, ledit Roy ne se retirast du tout de l’obeissance de l’Eglise et du Saint Siege apostolique, et se declarast particulierement ennemi de l’Eglise romaine, et en ce faisant qu’il exemptast son royaume de la Foy et hommage que les roys ses predecesseurs avoient toujours rendu audit Siege depuis le roy Jean, surnommé Sans-Terre, payans par chacun an quatre mille ducats à la chambre du Pape, pour le cens feodal convenu en l’investiture faite par le pape Innocent troisiesme audit roy Jean, du consentement des seigneurs et barons d’Angleterre.

Mais le Pape, ne pouvant plus reculer, fit juger le procès à Rome, où il fut dit par sentence que le Roy n’avoit pu repudier Catherine d’Espagne, et moins encore espouser Anne de Boulen, laquelle pendant le