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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/94

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fait lever une puissante armée au roy Henry deuxiesme, et hazarder sa personne et son Estat, pour faire la guerre à l’Empereur et aux princes catholiques d’Allemagne, afin de mettre les princes protestans et leurs partisans en liberté de leur Estat et de leur religion ; lesquels tost après ce nonobstant s’allierent ensemble au traité de Passau pour prendre leur revanche et attraper le Roy, et firent une grande entreprise contre son royaume, lequel, au jugement de plusieurs, eust eu fort affaire si l’Empereur eust repris la ville de Mets. Mais son malheur fut qu’ayant fait une breche de cent pas, il en fut vigoureusement repoussé par le duc de Guise qui y commandoit et avoit avec luy la pluspart des princes et de la noblesse de France, qui ne laisserent rien en arriere pour employer leurs vies, afin de soutenir un siege de telle importance. Les princes catholiques d’Allemagne ont dit depuis que ce siege fut cause de la ruine de leur religion et party.

L’année suivante, 1554, que les cantons catholiques de Suisse voulurent faire la guerre aux cantons protestans, à la suasion de l’evesque de Terracine, nonce du Pape, les François n’entreprirent pas d’aider les catholiques ; ains au contraire le Roy, par ses ambassadeurs, empescha la guerre, menaçant les catholiques de se joindre aux protestans. Et si le Roy eust fait autrement, il perdoit l’amitié des cantons protestans, et le secours des cantons catholiques, et eust esté contraint d’employer ses forces et ses finances pour la guerre des Suisses : cependant les Anglois et les Imperiaux eussent eu bon marché de la France, et eust-on ruiné aussi bien la religion catholique en Suisse comme l’on a fait en Escosse, vu que de six cantons