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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/118

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entre la france et l’angleterre.


seconde bataille. Mais la terreur et le découragement étoient dans toutes les âmes ; il fut impossible d’arrêter les soldats, qui regagnèrent tous leurs foyers, et le Roi désespéré fut contraint de laisser son rival jouir paisiblement du fruit de sa victoire.

Après la déroute entière de l’armée française, Edouard n’avoit plus rien qui pût arrêter ni troubler sa marche ; il étoit le maître de parcourir nos provinces et de les dévaster ; mais il ne se laissa point éblouir par ses succès. Le danger qu’il avoit couru, et auquel il n’avoit échappé que par une sorte de miracle, le rendit prudent. Il avoit vu avec quelle rapidité une armée formidable s’étoit en peu de jours formée à la voix de Philippe. Connoissant bien les ressources immenses de la France, il fut assez sage pour ne point en entreprendre la conquête ; il ne tenta pas même de soumettre une seule province. Son ambition se borna pour lors à s’assurer d’une des clefs du royaume, afin d’avoir toujours à sa disposition des moyens d’attaque et de retraite. Il avoit, par sa propre expérience, reconnu combien l’entrée de la France étoit difficile du côté de la Flandre, et d’ailleurs il avoit perdu presque toute son influence sur les Flamands, qui venoient de massacrer Artevelle, parce que ce chef de séditieux avoit proposé, dans une assemblée, de reconnoître le prince de Galles comme souverain du comté. La grande distance qui le séparoit de ses États de Guyenne, rendoit le transport des troupes difficile ; il lui falloit une place forte, munie d’un bon port, et voisine des côtes d’Angleterre ; la ville de Calais réunissant ces divers avantages, il l’investit au mois de septembre. Jean de Vienne, chevalier bourguignon,