Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
précis des guerres


à la tour de Londres. Après cette victoire, elle étoit venue rejoindre son époux devant Calais.

À peu près à la même époque une autre princesse se signaloit en Bretagne par ses exploits, et s’y montroit digne rivale de la comtesse de Montfort. À l’expiration de la trêve, Charles de Blois étoit entré dans cette province avec une armée française, grossie de ses nombreux partisans. La comtesse de Montfort le surprit auprès de la Roche-Derien et le fit prisonnier. Sa femme se mit alors à la tête de son parti ; et l’on vit deux princesses, dont chacune tenoit le mari de l’autre prisonnier, se combattre à outrance, et montrer autant de talens dans la guerre que dans les négociations.

Aussitôt qu’Édouard fut maître de Calais il en chassa tous les habitans, peupla entièrement la ville d’Anglais, qu’il y attira en leur accordant de grands privilèges ; puis il se rendit enfin aux vives sollicitations des légats du Pape, et consentit à suspendre les hostilités jusqu’à la saint-Jean de l’année suivante. Une seule ville étoit le fruit de son expédition, mais cette ville lui ouvroit le royaume. La trêve fut à diverses reprises prolongée jusqu’en 1355, et ces prolongations semblent devoir être attribuées plutôt à la peste qui désola en même temps toute l’Europe, qu’à la modération des deux souverains, que l’ambition et la vengeance animoient également.

Ce terrible fléau se développa d’abord dans le nord de l’Asie, et parcourut ensuite toutes les parties de l’univers connu. Jamais contagion ne fut plus générale et plus meurtrière ; dans plusieurs contrées elle laissa à peine la vingtième partie des habitans ; presque