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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/139

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précis des guerres


directement aux villes les secours que les États-généraux prétendoient lui faire payer, par l’avilissement de l’autorité royale. Cette tentative ayant échoué, il essaya de se procurer des fonds en altérant les monnoies ; mais les Parisiens se révoltèrent, et il se trouva livré à la merci des factieux. Les États assemblés de nouveau élevèrent plus haut leurs prétentions ; non-seulement ils exigèrent la formation du conseil dont on a déjà parlé, mais ils s’arrogèrent le droit de se réunir, par la suite, sans que le monarque les convoquât, se firent donner des gardes (chaque membre en eut six), et ce qui leur importoit le plus, ils s’emparèrent du maniement des finances. Les factieux étoient dirigés par Étienne Marcel et par Robert Le Coq. Le premier, prévôt des marchands de la ville de Paris, disposoit à son gré du petit peuple, dont il paroissoit défendre avec chaleur les intérêts ; il étoit fourbe, audacieux et cruel, tous les moyens lui étoient également bons pour parvenir à ses fins. Le deuxième, élevé par le Roi de la profession d’avocat à la charge d’avocat-général, puis au siège épiscopal de Laon, qui lui donnoit le titre de duc, ne reconnoissoit de si grands bienfaits que par la plus noire ingratitude, et se montroit l’ennemi le plus acharné du souverain.

Cependant la trêve venoit d’être signée entre la France et l’Angleterre [13 mars 1356]. Édouard y avoit consenti, espérant tirer, par la rançon du Roi, autant d’avantages que par la force des armes ; d’ailleurs il vouloit laisser déchirer le royaume par des factions qu’une guerre poussée à outrance auroit pu réunir contre lui. Cette trêve, qui rendoit les