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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/153

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précis des guerres


ans, et qui avoit désolé la province. Charles V, dont la politique étoit toujours dirigée par la plus profonde sagesse, n’hésita pas à recevoir l’hommage de Montfort pour la Bretagne, afin de rompre ou d’affoiblir au moins ses liaisons avec l’Angleterre, et le Duc, mal affermi dans ses États, s’estima heureux de n’avoir plus à lutter contre toutes les forces de la France. Aussitôt que le roi de Navarre eut connoissance de ces arrangemens, qui le laissoient seul exposé à la vengeance du Roi, il entra en négociation, et obtint la paix, dont il ne profita, suivant sa coutume, que pour ourdir de nouvelles trames.

La France alloit enfin respirer : elle étoit en paix avec tous ses voisins, les factieux avoient oublié leurs fureurs, la tranquillité régnoit partout, l’ordre se rétablissoit, et l’autorité royale, qui n’étoit employée qu’à assurer le bonheur de tous, n’éprouvoit plus d’obstacles ; mais les grandes compagnies, qui avoient pris parti dans les guerres de Normandie et de Bretagne, se trouvant licenciées par la paix générale, ne tardèrent pas à recommencer leurs ravages. Le Roi ne trouva d’autres moyens, pour en délivrer la France, que de faire exécuter le traité conclu en 1362 avec Henri Transtamare. La grande difficulté étoit de décider les compagnies à passer en Castille. Charles jeta les yeux sur Du Guesclin, qui étoit encore prisonnier, et dont il fit acquitter la rançon. Les Mémoires racontent avec une naïveté originale la manière dont le héros breton s’y prit pour entraîner les chefs et les soldats ; ils donnent tout le détail de l’expédition de Castille, qui, après des succès divers, se termina par la mort de dom Pèdre