Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
précis des guerres

Le prince de Galles, instruit des démarches que les seigneurs de Guyenne faisoient auprès de Charles, et prévoyant les desseins de ce monarque, en avertit son père ; mais Édouard, aveuglé par une longue prospérité, et croyant la France abattue par ses derniers revers, eut d’autant moins d’égards à ces avis, que Charles, à la même époque, lui faisoit des observations amicales sur les troubles qui menaçoient le duché.

Tous les préparatifs étant terminés, le roi de France admet les plaintes des seigneurs et fait sommer le prince de Galles de venir se justifier devant les pairs du royaume. « Nous irons à Paris, puisqu’on nous y mande, répond le prince, mais le casque en tête et avec soixante mille hommes en notre compagnie. » Il falloit des victoires pour soutenir la fierté d’une pareille réponse, et le prince de Galles, miné par une longue maladie, n’étoit plus même en état de marcher à la tête de ses troupes. Charles, aussi actif qu’il avoit été prudent, fait confisquer la Guyenne par un jugement de la cour des pairs, envoie déclarer la guerre à Édouard par un simple valet de pied, afin de montrer à ses sujets que l’Angleterre n’est plus redoutable, puis il met sur-le-champ ses troupes en campagne. En faisant citer le prince de Galles à la cour des pairs, le Roi violoit il le traité de Bretigny, ou usoit-il des droits de la Couronne ? Cette question a été longuement discutée par les historiens des deux nations. Jean II s’étoit en effet engagé à renoncer à toute suzeraineté sur la Guyenne, mais en même temps Édouard s’étoit engagé à renoncer formellement à toutes prétentions au trône de France. Nous avons déjà fait remarquer que le roi d’Angleterre